Le daf, percussion traditionnelle : entre envoûtement et vulnérabilité.
Assez méconnu en France, le daf est une percussion ancienne très répandue sur une aire géographique assez vaste, puisqu’elle s’étend de la Turquie jusqu’en Inde et au Pakistan, passant par la Syrie, l’Irak et l’Iran. Son usage aujourd’hui pourtant se perd, ainsi que les savoir-faire et compétences liés à sa fabrication artisanale traditionnelle en matériaux naturels, au profit de produits plus industriels.
DESCRIPTION
Peau tendue sur un cercle de bois, dont la face interne est jalonnée d’assemblages – ou chaînettes – de petits anneaux métalliques d’environ 1cm de diamètre, le daf appartient à la famille des membranophones. Dans sa version originale, le daf est tendu d’une peau animale, très sensible aux variations climatiques, et nécessitera d’être accordé dans certaines conditions et selon plusieurs techniques. Dans sa version actuelle la plus courante, sa version « industrielle », on utilise une peau synthétique (polyester). Son diamètre peut varier, mais il est généralement de 53cm.
DES ORIGINES A NOS JOURS
Cet instrument « ancestral » serait apparu en Mésopotamie, le pays des deux fleuves, véritable berceau civilisationnel, il y a de cela plusieurs millénaires, pour voir son usage se répandre jusqu’en Extrême-Orient. Aujourd’hui, c’est en Iran qu’on en fabrique le plus ; c’est là-bas que se trouvent les derniers artisans qui, de siècle en siècle, en transmettent les gestes, techniques et autres secrets de fabrication, pour en produire de nouveaux. Si l’Iran est ainsi considéré comme la « patrie » du daf, il n’en a cependant pas l’exclusivité : le daf est en effet emblématique des traditions culturelles, religieuses et musicales kurdes. Ainsi, outre le répertoire traditionnel accompagnant les grands événements de la vie, comme les mariages, il est très présent dans les musiques soufie ou alévie, liées la transe.
DAF / JEU ET SONORITÉ
Le daf a la particularité d’être étonnamment sonore, doué d’une impressionnante capacité de résonance, due à sa nature et à sa structure. La peau – ou membrane – est frappée par les deux mains sur la face externe de l’instrument, tandis que les anneaux viennent en heurter la face interne, selon les impulsions données par le musicien : elle vibre de toutes parts.
Le daf se tient pour ainsi dire « à bout de bras », face à soi, posé comme en équilibre sur les mains : il oscille, se balance ou se fige au gré des mouvements de celui ou celle qui en joue, ce qui ne rend pas son jeu aisé. Commencer à en saisir les premières subtilités réclame ainsi une pratique régulière et assidue, qui provoque une joie intense, véritable transport de l’âme et du corps. On en joue généralement au sein d’une formation, la plupart du temps constituée d’autres instruments traditionnels (saz, duduk, mey, davul), mais il existe aussi de véritables orchestres exclusivement composés de dafs.
LE TEMPS DES DAFS
De bois, de métal et de peau, le daf traditionnel a quelque chose de fragile et de contraignant, mais il est aussi puissant que délicat, aussi expressif que sensible. Il recèle une force archaïque qui ne s’accorde pas avec l’air du temps, tandis qu’il fascine quiconque lui prête l’oreille et le corps. Dewrana def – Le temps des dafs veut se faire l’écho de cette force sensible et en explorer les possibilités d’évolution technique et artistique, afin d’en faire un instrument contemporain que les jeunes générations se réapproprient et que les anciennes reconnaissent : un instrument qui, affranchi de toutes contraintes formelles et de tout carcan culturel ne se refuse aucun métissage musical.
Accordage et tensions : méthodes et techniques
Pourquoi fabriquer des percussions traditionnelles ?
Connais-toi toi-même ! Pour Dewrana def – Le temps des dafs, la fabrication (facture est le terme exact) d’instruments traditionnels à percussion s’inscrit dans le cadre d’une recherche « du » son, envisagée comme la volonté de se fondre dans l’instrument : pour en sentir les faiblesses et tâcher d’y remédier d’une part, pour en éprouver les forces et les décupler autant que les affiner, d’autre part.
C’est aussi une voie de réappropriation d’un instrument menacé de disparition, risquant d’emporter avec lui tout un pan du patrimoine culturel immatériel kurde (musique et traditions, mais aussi gestes et techniques de fabrication). De bois, de métal et de peau, le daf traditionnel a en effet quelque chose de fragile et de contraignant, mais il est aussi puissant que délicat, aussi expressif que sensible. Il recèle une force archaïque qui ne s’accorde pas avec l’air du temps, fascinant pourtant quiconque lui prête l’oreille ou le corps. Dewrana def – Le temps des dafs veut se faire l’écho de cette force sensible et vivante et explorer les possibilités d’innovation technique et musicale du daf, ainsi que d’autres percussions traditionnelles kurdes ou non, telles que le davul ou le tambour médiéval.
Car notre désir est de faire du daf traditionnel un instrument contemporain, que les jeunes générations se réapproprient et que les plus âgés reconnaissent et brandissent fièrement, le coeur empli de joie partagée. Autant que possible affranchi de ses contraintes formelles et de tout carcan culturel, que le daf ne se refuse aucun métissage musical !
Axes de travail, sur le plan technique : systèmes d’accordage et tension des peaux ; propriétés des matériaux ; ergonomie (poids et maniabilité) ; puissance et personnalité du son ; qualité et durabilité de l’instrument.
Bonjour,
J’apprécie beaucoup votre site et particulièrement les commentaires éclairés sur le Daf. Merci de faire vivre cet instrument méconnu en France.
Je suis moi-même enchanté par mon Daf (53 cm, peau synthétique) que je pratique régulièrement et qui me procure une joie sans cesse renouvelée.
Je voudrais savoir si un Daf de plus grand diamètre (environ 60/65 cm, peau synthétique semi transparent) aurait un son plus différent (plus de basses peut-être) et si c’est faisable, et à quel prix?
Merci pour la réponse et encore BRAVO pour votre travail passionné.
A quand une Université de Dafologie !!! ???
Kristian
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